QUE DU BONHEUR ! Partie I
En surfant sur la page d’une facebookienne, je suis tombée sur un article « La tyrannie du bonheur au service du capitalisme du 11/10/2018 "(1) (France culture, Les Nouvelles de l'éco par Arjuna Andrade) qui interroge le bonheur et sa quête effrénée : "Dans leur ouvrage Happycratie, la sociologue Eva Illouz et le psychologue Edgar Cabanas interrogent la place ambiguë qu’occupe le bonheur dans nos sociétés modernes." Ils se demandent si cela n’amènerait pas à se désengager du monde contemporain pour consolider l’individualisme…
Partie I
C’est vrai qu’on nous bassine avec le bonheur. Cette quête du « vouloir toujours plus » nous enchaîne à la quête du « vouloir être toujours plus », les ressorts du système capitaliste. On entasse toujours plus sans essayer de ressentir ce qui nous est vraiment nécessaire ou vital. Et nous n’arrêtons pas de nous botter le derrière, avec beaucoup de volontarisme pour toujours faire et se sentir mieux, parvenir à l’idéal de vie qu’on souhaite. Une perfection illusoire à atteindre ! Mais le véritable enjeu n’est pas de refouler l’idée du bonheur à la frontière.
Place à l’expérience :
Il y a plusieurs mois de ça, posée sur mon canapé dans l’instant neutre d’un samedi après-midi de relâche, j’ai les yeux fermés. Je ne pense à rien, je me laisse portée par ce moment de simple présence… Puis une image de deux cercles imbriqués l’un dans l’autre par le centre, forment respectivement deux axes, un horizontal et un vertical (voir sur la photo). Je retrouve dans ce symbole, ce « bonheur » ressenti à quelques rares reprises dans des instants où il ne se passe rien de spécial mais où je me sens bien sans raison (c’est une carte de tarot existentiel « Le bonheur », que j’avais tirée lors d’un moment de telle présence par le passé, qui m’avait éclairé). Au niveau symbolique, je vois l’axe vertical, comme l’axe terre-ciel (l’homme debout transcendant la matière), et l’axe horizontal, le reflet de la condition matérialiste de l’Homme et du temps linéaire, passé, présent et futur.
Je rejoins ici l’article : à la lumière de cette expérience, le bonheur n’est pas une quête. C’est un état d’être (qu’on peut appeler aussi bien-être, contentement…) qui naît de lui-même. Il n’y a pas à le chercher, potentiellement il peut émerger (dans des périodes où tout va plutôt bien ?) quand je m’éclipse momentanément des exigences du quotidien matérialiste, et me replie dans la chambre de mon « quant à soi », dans cette présence intime à mes sensations.
Pendant plusieurs minutes, je m’extirpe naturellement de la circonvolution terrestre ; le monde peut bien tourner sans moi. Placée au centre je ne ressens plus les effets de la pesanteur, et des rouages de ma vie. Je retrouve le poids de mon corps. JE SUIS. Point.
Simple ambition de la vie. Pour que celle-ci soit supportable, j’ai besoin que ma personnalité s’éclipse et laisse le champ libre à mon essence, afin de goûter, certains jours, aux moments simples de l’existence, aux émotions bénéfiques qu’entraînent la paresse, la tendresse, la contemplation, ou à d’autres moments, un bonheur vivifiant qui passe par le jeu, le partage, l’amusement... parmi tant d’autres plaisirs. De toutes les façons, ce sont des moments où il n’y a plus de panoplies sociales ni défi à relever, sauf celui de savourer d’être vivant (sans le mentaliser) …
(Lire la suite : Que du bonheur ! Partie II)
Véronique Mahieu
30 novembre 2019